Ouvrages et écrits du Général de Gaulle
En cinq études de psychologie politique et militaire, le capitaine de Gaulle utilise son expérience de la guerre et sa culture historique pour analyser la défaite de l’Allemagne en 1914-1918. Rédigé durant l’été 1923, ce petit livre ne rencontre qu’un faible écho à sa parution en 1924. Quelques exemplaires seulement sont vendus, la plupart d’ailleurs achetés par l’ambassade d’Allemagne. Aux yeux de l’auteur, le Reich a perdu la guerre surtout à cause de ses divisions internes. De Gaulle étudie d’abord la désobéissance de von Kluck qui permit aux Français de remporter la bataille de la Marne. Puis il analyse la guerre sous-marine illimitée décidée par les Allemands en janvier 1917 : elle entraîne l’entrée en guerre des Etats-Unis, fort malencontreusement pour le Reich. La fin de la guerre est aussi riche en leçons : malgré plusieurs victoires tactiques en 1918, l’Allemagne, dépourvue de stratégie et démoralisée, sombre rapidement.Excluant tout dogmatisme dans la conduite de la guerre, le capitaine de Gaulle conclut qu’ « à la guerre, il n’y a pas de système universel, mais seulement des circonstances et des exécutants. » Le Fil de l’épée connaît peu de succès lors de sa publication en 1932. Pourtant, ce livre est annonciateur : avant même de rencontrer l’Histoire, le futur général de Gaulle y énonce des idées qu’il ne cessera de développer par la suite. Il insiste, déjà, sur la contingence propre à toute action, l’attitude de l’homme de caractère, le rôle du prestige dans l’art de commander, ou la complémentarité entre le politique et le soldat. Aux yeux de De Gaulle, il est urgent que l’armée sorte du doute et de la passivité. Il en va de la grandeur de la nation, exaltée par l’auteur, et de sa capacité à faire face aux défis internationaux. Pour se rénover, l’armée doit se retremper, sortir des raideurs hiérarchiques, des vieilles habitudes. Elle doit retrouver le génie militaire, renouer avec l’idéal, se rassembler derrière l’homme de caractère qui, poussé par « une sorte de lame de fond », saura la conduite dans l’action. Le texte, servi par une plume acérée, annonce le de Gaulle politique, solitaire dans ses décisions, sûr de lui et des desseins de la nation. Il préfigure aussi les difficultés qu’il rencontrera : sa conception du pouvoir n’est pas du goût des conservateurs. Le troisième livre de Charles de Gaulle, porteur de théories militaires peu conformistes, n’a en France qu’un bref succès de curiosité. De Gaulle part d’un constat simple : l’Allemagne d’Hitler se réarme et menace la paix. La France, elle, conserve des doctrines militaires obsolètes alors que sa frontière nord-est est poreuse. Il faut, d’urgence, renverser la vapeur : de Gaulle réclame dans son ouvrage la formation d’un corps de blindés, utilisé de façon autonome et offensive. Le degré de technicité des engins motorisés exige qu’ils soient servis par des soldats professionnels et toujours disponibles (d’où la nécessité de former une armée de métier). S’il s’inscrit dans l’héritage du général Estienne, précurseur des chars, de Gaulle va au-delà d’une réflexion purement stratégique. Son livre critique durement les armées de masse, mais aussi la politique défensive de l’état-major, arc-bouté derrière la ligne Maginot. Pour de Gaulle, la France doit pouvoir agir et non pas subir la loi de l’adversaire. Condamné par la majorité des généraux français, et par les socialistes qui craignent la suppression du service militaire, le livre attire en revanche l’attention du général Gudérian, créateur de la force mécanique allemande. Dans ce livre, érudit et vivant, Charles de Gaulle soutient que l’histoire de France est étroitement liée à celle de son armée : « du jour où fut réalisée la conjonction d’un pouvoir fort et d’une armée solide, la France se trouva debout ». Pour le montrer, il retrace en sept chapitres, l’histoire des armées françaises et de leurs héros, de leurs victoires et de leurs revers, depuis le temps des Gaulois jusqu’à la Première Guerre mondiale. Ce récit est bien entendu l’occasion de tirer des leçons utiles. Charles de Gaulle rappelle notamment qu’une défaite militaire conduit bien souvent à la faillite de la nation. C’est pourquoi il est indispensable que l’armée soit prête et bien armée. « La bonne nouvelle ne suffit pas à la guerre sans puissance matérielle. », souligne l’auteur, inquiet du réarmement allemand et du caractère obsolète de la stratégie française. Son avertissement sonne de façon particulièrement tragique en cette année 1938, qui voit la signature des accords de Munich. Malgré son relatif succès avec plus de 6000 exemplaires vendus, La France et son armée ne suffit pas à la prise de conscience des dirigeants. La modernisation de l’armée que de Gaulle appelle de ses vœux n’aura pas lieu. Un recueil de textes écrits entre 1925 et 1940. Ce volume comprend quatre textes : Rôle historique des places françaises (1er décembre 1925) Mobilisation économique à l’étranger (1er janvier 1934) Comment faire une armée de métier (12 janvier 1935) Mémorandum adressé par le colonel de Gaulle aux généraux Gamelin, Weygand, Georges et à MM. Daladier et Paul Reynaud (26 janvier 1940). Tout au long de sa traversée du désert, le Général se consacre à l’écriture de ses Mémoires de guerre dont le premier tome « L’Appel (1940-1942) ». Débutant par la célèbre formule, »Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France », elles contribuent à maintenir la place du Général dans l’esprit des Français. Les cinq volumes des Discours et messages sont publiés successivement du mois d’avril au mois de septembre 1970. Ils réunissent les discours prononcés par le général de Gaulle, du 18 juin 1940 au 28 avril 1969, dans des circonstances déterminées d’avance, et dont, pour cette raison, le texte exact a pu être conservé, soit écrit de sa main pour les allocutions radiodiffusées et télévisées, soit noté par sténographie officielle pour ses discours en public ou devant les Assemblées. Ne figurent pas dans ces recueils les allocutions (en très grand nombre) improvisées par le général de Gaulle au cours de la même période, devant les auditoires les plus divers, et dont le texte n’a pu, le plus souvent, être reconstitué d’une manière précise. Un an et demi après son départ de l’Elysée, le général de Gaulle publie le premier tome de ses « Mémoires d’Espoir », « Le Renouveau (1958-1962) », relatant son retour au pouvoir et les premières années de sa présidence. Le Général y définit notamment sa conception de l’élaboration et du fonctionnement des institutions de la Ve République. Après la parution du premiers tome, les deux premiers chapitres de L’Effort (juillet 1962 – décembre 1965) sont publiés en mars 1971, alors que Le Terme (janvier 1966 – avril 1969) restait à l’état de projet. Les deux tomes s’écoulent en quelques jours à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et dès 1974, l’œuvre est traduite dans plus de 16 langues. Les critiques sont toutefois plus contrastées que pour son récit de guerre : on reprocha au Général son ton trop partisan et un moindre brio de style. L’intérêt documentaire de l’œuvre est indéniable car elle révèle non seulement les ressorts de la politique visant à mettre un terme au conflit algérien mais aussi l’art de mener des réformes intérieures et de prendre des initiatives diplomatiques qui en moins de quatre ans ont donné une assise internationale à l’autorité du président. L’art de dresser des portraits finement ciselés de ces partenaires étrangers est également remarquable. Cet ultime ouvrage permet de mieux comprendre la pratique gaullienne des institutions de la Ve République. Mémorialiste engagé, le général de Gaulle entend par cette œuvre remplir une mission patriotique et pédagogique visant à expliquer son œuvre et à préparer l’avenir. La dimension testamentaire de l’ouvrage est illustrée par les messages plus ou moins explicites légués à la postérité : le culte de la volonté et une « certaine idée de la France » rassemblée et guidée par l’énergie et la foi de quelques-uns afin de conserver sa puissance, son prestige et son rang. Ce volume comprend les articles et écrits, rassemblés et présenté par l’Institut Charles de Gaulle : Une mauvaise rencontre (1906) La Congrégation (1908) La Bataille de la Vistule (1920) Préparer la guerre, c’est préparer des chefs (1921 ?) Le Flambeau (1927) La Défaite, question morale (1927 ou 1928) Philosophie du recrutement (1929) La Condition des cadres dans l’armée (1930 ou 1931) Histoire des troupes du Levant (1931) Combats du « Temps de paix » (1932) Pour une politique de défense nationale (1933) Le Soldat de l’Antiquité (1933) Métier militaire (1933) Forgeons une armée de métier (1934) Le problème belge (1936). Les Lettres, Notes et Carnets permettent de trouver, par ordre chronologique, une sélection de lettres familiales ou officielles, les télégrammes personnels ou gouvernementaux écrits par le général de Gaulle. Cette sélection a été faite par son fils, l’Amiral Philippe de Gaulle. Beaucoup de ces pièces sont inédites. Tome 1 : 1905-1918, Plon, 1980 Tome 2 : 1919-juin 1940, Plon, 1980 Tome 3 : juin 1940-juillet 1941, Plon, 1981 Tome 4 : juillet 1941-mai 1943, Plon, 1982 Tome 5 : juin 1943-mai 1945, Plon, 1983 Tome 6 : mai 1945-juin 1951, Plon, 1984 Tome 7 : juin 1951-mai 1958, Plon, 1985 Tome 8 : juin 1958-décembre 1960, Plon, 1985 Tome 9 : janvier 1961-décembre 1963, Plon, 1986 Tome 10 : janvier 1964-juin 1966, Plon, 1986 Tome 11 : juillet 1966-avril 1969, Plon, 1987 Tome 12 : mai 1969-novembre 1970, Plon, 1988 Tome 13 : compléments de 1924 à 1970, Plon, 1997
1924 : La Discorde chez l’ennemi
1932 : Le Fil de l’Epée
1934 : Vers l’armée de métier
1938 : La France et son armée
1945 : Trois études
1954 : Mémoires de guerre – Tome 1
1970 : Discours et Messages – 5 volumes
1970 : Mémoires d’Espoir – Tome 1
1971 : Mémoires d’Espoir – Tome 2 (inachevé)
1975 : Articles et écrits
1980-1988 : Lettres, Notes et Carnets