De Gaulle face aux Alliés
Le général de Gaulle va rencontrer des rapports contrastés avec les Alliés.
L’appui décisif des Britanniques
Winston Churchill et le général de Gaulle se sont rencontrés à plusieurs reprises au mois de juin 1940. Dès l’arrivée du général de Gaulle à Londres le 17 juin, le soutien de Winston Churchill s’avère décisif. Ce dernier permet au futur chef de la France Libre de lancer ses appels radiophoniques à la BBC, lui offre un soutien matériel et financier et accepte de signer dès le 7 août 1940 un accord politique entre son gouvernement avec la France Libre, organisation encore embryonnaire.
Après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie, Staline répond favorablement à la demande du général de Gaulle : le 26 septembre 1941, l’Union soviétique suit l’exemple anglais en reconnaissant la France Libre et l’ambassadeur soviétique quitte Vichy (contrairement à l’ambassadeur américain présent en France non occupée jusqu’en avril 1942).
La méfiance du président Roosevelt
Le président Roosevelt doute de l’adhésion populaire des Français envers un général qui n’a pas été démocratiquement élu et craint ses ambitions dictatoriales. L’apport des territoires coloniaux à l’effort de guerre l’encourage néanmoins à soutenir matériellement la France Libre en lui octroyant un prêt-bail en novembre 1941. Après l’entrée en guerre des Etats-Unis, la méfiance du président Roosevelt sera nourrie par l’opération menée en décembre 1941 pour rallier Saint-Pierre-et-Miquelon à la France Libre malgré le veto américain. Les relations se tendent également avec Churchill qui reproche à De Gaulle son intransigeance.
Une période de crise s’ouvre après de débarquement en Afrique du Nord. Alors qu’ils ont tenu le général de Gaulle à l’écart de toute prise de décisions, les Anglo-Saxons choisissent d’y maintenir en poste l’Amiral Darlan, qui a pourtant participé activement à la politique de collaboration. Après son assassinat, il est remplacé par le général Giraud, qui, malgré ses liens avec Vichy, devient le principal rival du général de Gaulle.
En janvier 1943 à la conférence d’Anfa, Churchill et Roosevelt imposent au général de Gaulle une rencontre avec Giraud mais l’Homme du 18 juin refuse ce « mariage forcé ». Il doit toutefois accepter de coprésider avec lui le Comité français de Libération nationale (CFLN), gouvernement provisoire siégeant à Alger depuis le 3 juin 1943. Cette situation prend fin en octobre 1943 : Giraud est évincé de la coprésidence au profit du général de Gaulle, qui a reçu le soutien de la Résistance intérieure (création du CNR).
La reconnaissance officielle et tardive du GPRF
A la veille du Débarquement, si les projets de mise sous tutelle de la France libérée par un gouvernement militaire allié (AMGOT) semblent alors écartés, le Gouvernement Provisoire de la République Française (qui remplace le CFLN à partir du 3 juin 1944) n’est toujours pas reconnu officiellement par les Alliés.
L’accueil triomphal reçu par le général de Gaulle dès son arrivée à Bayeux le 14 juin 1944, la libération de Paris et l’installation dans la capitale d’institutions provisoires donnent aux Alliés un gage de légitimité indispensable, qui les incite à reconnaître officiellement le Gouvernement Provisoire de la République Française le 23 octobre 1944.
Si la France n’est pas invitée à participer aux conférences de Yalta et de Potsdam, elle est présente à la table des vainqueurs le 8 mai et le 2 septembre 1945. Grâce à l’appui de la Grande-Bretagne, elle obtient un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et une zone d’occupation en Allemagne. Le général de Gaulle, à la tête du GPRF jusqu’en janvier 1946, entend restaurer le rang de la France sur la scène internationale.
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Bibliographie
- Berthon Simon, Allies at War, New York, Carroll and Graf, 2001
- Cointet Michèle, La France à Londres, renaissance d’un Etat, Bruxelles, Complexe, 1990
- Kersaudy François, De Gaulle et Roosevelt, le duel au sommet, Paris, Perrin, 2008
- Kersaudy François, De Gaulle et Churchill, Paris, Plon, 1982