De la crise de mai 1968 au référendum d'avril 1969
Trouver une issue à la crise
La conjonction d’une grève étudiante ponctuée de manifestations de masse et d’affrontements dans le Quartier latin entre enseignants et policiers, d’une part, et d’une grève massive dans les usines conduit à un véritable blocage du pays tout au long du mois de mai 1968. Le caractère très diversifié des revendications rend la réponse politique difficile. Plusieurs tentatives sont lancées, en vain : le 24 mai, le Général lance à la radio une proposition de référendum sur la participation dans les entreprises et sur l’université, qui ne rencontre que peu d’écho. Parallèlement, le Premier ministre Georges Pompidou négocie avec les syndicats les Accords de Grenelle, qui augmentent notamment le salaire minimum de 35%.
La contestation persistant, le départ à Baden-Baden le 29 mai 1968, permet au général de Gaulle de reprendre la main face au mouvement de grèves ouvrières et étudiantes : annonçant le lendemain une dissolution et appelant ses partisans à manifester, il reçoit le soutien d’un million de personnes lors de la manifestation du 30 mai 1968. Moins d’un mois plus tard, l’UNR, parti gaulliste, réalise un « raz-de-marée » à l’occasion des élections législatives, obtenant à elle seule 294 députés sur 485.
Vidéo « Mai 1968 » : lien vers le site Canoprof
Le référendum de 1969, un référendum de relégitimation ?
Cette large victoire électorale n’empêche pas le général de Gaulle de tenter de tirer les enseignements politiques de la crise. Le 10 juillet 1968, il remplace ainsi Georges Pompidou par Maurice Couve de Murville à Matignon : cette décision, alors que Pompidou est Premier ministre depuis 1962, est souvent interprétée comme la volonté du Général de se rapprocher des Français et de leurs préoccupations quotidiennes, dont il avait largement délégué la gestion à Pompidou dans les années précédentes. Par ailleurs, la Loi Faure sur les universités conduit à la création des UFR, dont les conseils sont ouverts à des représentants des étudiants.
Le référendum du mois d’avril 1969 peut être interprété de plusieurs manières. Pour certains, le général de Gaulle propose une réforme du Sénat et de la régionalisation dans le but de parachever une politique de décentralisation entamée depuis le milieu des années 1960, qui s’appuie sur les « forces vives » du pays, lesquelles ne coïncident pas avec des notables locaux majoritairement hostiles au pouvoir gaulliste. Mais ce référendum est également interprété comme une tentative de relégitimation : en mettant sa démission dans la balance en cas de réponse négative, le Général fait de cette consultation un référendum pour ou contre son maintien au pouvoir, remettant en jeu son mandat présidentiel conquis en 1965, et qui court jusqu’en 1972. Il s’agirait alors pour le Général de bénéficier de nouveau d’une légitimité populaire réaffirmée pour achever son mandat, alors que le ralentissement de la croissance et la hausse du chômage (500 000 chômeurs fin 1968) annoncent des temps plus difficiles.
De fait, la campagne du « Non » coalise toutes les forces anti-gaullistes, de la gauche aux Républicains indépendants, aile libérale de la majorité, conduite par Valéry Giscard d’Estaing. Le non l’emportant par 52,41% des voix, le Général en tire les conséquences en démissionnant le soir même de la Présidence de la République.
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Bibliographie
- Berstein Serge, La France de l’expansion, I : la République gaullienne (1958-1969), Paris, Seuil, 1989
- Coûteaux Paul-Marie, Traité de savoir disparaître à l’usage d’une vieille génération, Paris, Michalon, 1998
- Souchier Dominique, Mai 68, Paris, La Documentation française, 1988
- Viansson-Ponté Pierre, Histoire de la république gaullienne, 2 : le temps des orphelins (août 1962 – avril 1969), Paris, Hachette, 1995