DEUX INTERVENTIONS INÉDITES DU GÉNÉRAL DE GAULLE

par Éric Branca
Membre du Conseil d’administration de la Fondation Charles de Gaulle

 

Après avoir réuni près de 40% des voix aux élections municipales d’octobre 1947, le RPF, qu’on disait aux portes du pouvoir, a subi de plein fouet, aux législatives de juin 1951, la réforme dite des « apparentements », système permettant aux candidats des partis de la Troisième force (MRP, SFIO et Radicaux) de présenter des listes communes dans 80% des départements – quitte à se combattre à l’Assemblée, aussitôt élus. Aux municipales des 26 avril et 2 mai 1953, la marginalisation s’amplifie et le RPF perd la plupart des grandes villes (dont Paris et Marseille), conquises six ans auparavant tandis que, dans les rangs des parlementaires, les défections se multiplient. C’est dans ce contexte que prennent place les deux textes qui suivent, retranscrits à partir de bandes sonores enregistrées lors de réunions à huis-clos des instances du RPF, lesquelles n’avaient jamais été exploitées.

Le premier extrait (« On ne fait pas le 18 juin à froid ») est issu d’une intervention du Général, le 8 novembre 1953, devant les délégués départementaux du RPF réunis à Saint Mandé, en lieu et place des assises nationales prévues et annulées, faute de moyens financiers. Il revient sur sa décision de mettre le mouvement en sommeil après l’échec des municipales et sur son refus de cautionner le ralliement de certains de ses membres aux « combinaisons » du régime. Mais il en profite surtout pour rassurer ses compagnons. Loin de baisser les bras, il attend « l’occasion » pour revenir dans le jeu. Mais, prévient-il, en réponse aux impatients, une occasion ne se crée pas, elle se saisit.

Le deuxième extrait (« Rien n’est possible sans consentement général ») aborde la même question : quand est-il légitime de forcer le destin ? Le texte ici retranscrit provient d’une réunion du Conseil national du mouvement (233 membres), également à Saint Mandé, le 7 novembre 1954. Un mois plus tard, le 4 décembre, le Général réunira pour la dernière fois les 4 000 délégués du RPF pour ce qui restera sa ‘‘journée des adieux’’ au Palais des sports de la Porte de Versailles. Publié dans le tome 2 des Discours et messages (Plon, 1970), le long discours prononcé à cette occasion reprend la plupart des thèmes abordés le 7 novembre. Sauf le passage, rigoureusement inédit, dans lequel l’Homme du 18 juin, anticipant la crise du printemps 1958, évoque « l’opération nationale par laquelle un pays se débarrasse d’un régime et en met un autre à la place », éventualité dont il précise qu’elle ne peut tirer sa légitimité démocratique que du « consentement général ». Bref, tout l’inverse d’un ‘‘pronunciamiento’’, autrement dit du ‘‘coup d’État’’ que dénonceront ses opposants.

Éric Branca
Administrateur de la Fondation Charles de Gaulle

EXTRAIT N°1 – « ON NE FAIT PAS LE 18 JUIN À FROID »

« La première chose à faire est de changer le régime. Nous avons essayé de changer de régime par une opération intérieure au régime. Nous avons essayé de ramasser l’électeur, de faire élire des gens que nous considérions comme plus ou moins à nous en pensant que s’ils étaient assez nombreux, eh bien ! se sentant assez nombreux dans les assemblées, c’est-à-dire vainqueurs, ils accepteraient de rester fidèles et que par conséquent on changerait le régime. En effet, ça a failli se produire. Ça ne s’est pas produit parce que les circonstances ne nous ont pas favorisées. Pour ce mouvement-là, que nous avions lancé en 47, il fallait un moteur élémentaire dans le pays. De Gaulle a fait ce qu’il a pu mais ça ne suffit pas. De Gaulle n’est, comme tout ce qui traverse le monde, que quelque chose en fonction d’une occasion. Cette occasion, pour la susciter, pour qu’elle se révèle, pour qu’elle s’impose, eh bien ! il faut une grande peur ou alors un grand élan. Évidemment, notre pays d’aujourd’hui n’a pas de grands élans. Il est très fatigué, il est très las, il est très détruit, il est dégouté, il lui manque des tas de choses, il est épuisé jusqu’au fond de lui-même. Il ne faut pas compter sur le grand élan. Nous avons eu des périodes de notre histoire où la France était un pays de grands élans ; il se produisait de temps en temps un grand élan national et alors on faisait une grande chose, quelquefois d’ailleurs une grande bêtise, mais c’était toujours quelque chose de considérable, de monumental, de gigantesque et de formidable. Ça s’appelait les croisades, ça s’appelait les frontières naturelles, ça s’appelait la révolution française, ça s’appelait toutes espèces de choses comme ça, ça s’appelait même l’Union française. Bien ! Il n’y a pas de grand élan à l’heure qu’il est et il ne faut pas en attendre. Le pays est trop las. Mais il reste la trouille. Alors ceci s’est produit en 47, ça s’est produit aussi d’ailleurs pendant la guerre ; c’est ce qui nous a permis de faire la Résistance et finalement de l’emporter parce qu’à la fin des fins, les gens en avaient assez d’être malheureux avec les Boches n’est-ce-pas. Alors la Résistance a augmenté suffisamment pour qu’on finisse dans la victoire. En 47, ils avaient la trouille ; ils avaient la trouille des communistes, tout le monde le sait bien. Alors de Gaulle est arrivé et a dit : « Allons, rassemblons-nous » et on s’est rassemblé suffisamment pour empêcher les communistes de passer. On ne s’est pas rassemblé suffisamment pour réparer tout ce qu’il fallait réparer et changer le régime mais enfin on s’est, comme je le disais au début, rassemblé suffisamment pour empêcher le pire. Bon ! Alors maintenant, les communistes, on n’en a pas très peur ; ils sont vraiment assez relégués, etc., il y a d’autres incommodités et on est comme ça entre le zist et le zest mais il n’en est pas moins vrai qu’il n’y a toujours pas d’État, que le régime est toujours incapable et que, par la force des choses, quelle que soit la capacité d’inertie de ce pays, quelle que soit sa routine, quelle que soit son habileté individuelle au débrouillage, il n’en est pas moins vrai qu’à force de n’avoir pas d’État, à force de n’avoir pas de politique, à force d’être inexistant dans le monde au point de vue général, la France finit par trouver que c’est incommode et ça l’embête. On commence à trouver que vraiment c’est pas ça, que ça ne marche pas, qu’on pourrait être dindonner par tout le monde, etc. Enfin, on est assez contrariés. On n’est pas à son aise. Je ne dis pas qu’on ait peur, on n’a pas peur encore. Mais enfin, on n’est pas à son aise. Voilà la situation moyenne, je suis sûr que vous êtes de mon avis, sur notre pays, à l’heure qu’il est.

Dans cette situation-là, nous qui sommes les gens qui voulons remettre la France en route et qui, d’abord, voulons changer son régime, quelle position pouvons-nous prendre et devons-nous prendre et quelle action devons-nous exercer ?

L’action que nous avons tâchée d’exercer à partir de 47 qui était l’action électorale et parlementaire, à l’heure qu’il est, elle ne vaut rien, elle ne nous donne rien et elle ne fait, si nous la poursuivions et si nous continuions à nous incorporer avec elle, à nous identifier avec elle, elle ne fait que nous perdre. Voilà la réalité à l’heure qu’il est. Elle ne fait que nous perdre, pourquoi ? Parce qu’elle nous engage dans un régime où nous ne sommes pas grand-chose, où nous ne sommes forcément d’abord que des ennemis même quand ils prennent des portefeuilles. Ils ne le font que comme ça n’est-ce-pas ; on ne se fie pas à eux ou si on se fie à eux c’est qu’ils nous ont quittés. Par conséquent, nous ne pouvons être dans le régime que des gens qui n’en sont pas. Dès lors, le régime ne peut pas nous appartenir suffisamment pour que nous le changions. Et inversement, l’inconvénient de nous y mettre, même par personnes interposées, c’est qu’alors nous prenons à notre compte l’impuissance du régime, nous y participons, nous n’en sommes qu’un élément et nous avons l’air d’être comme les autres, c’est-à-dire une espèce de MRP ou une espèce de parti socialiste, ou une espèce de parti radical, des types qui font carrière, qui peuvent d’ailleurs ne pas être inutiles aux électeurs, qui rendent des services, qui font les commissions, etc, mais qui, au point de vue national, sont totalement impuissants et totalement inexistants. Alors, voilà ce que nous sommes et serions si nous étions un élément du régime comme les autres sont un élément du régime. Moi, je m’y refuse absolument et le Rassemblement n’a aucune espèce de raisons, au contraire, d’être cela. Il a toutes les raisons de n’être pas cela du tout. Alors ça produit des inconvénients, bien sûr ! Étant donné que nous étions partis pour une certaine opération électorale et politique et que nous n’avons pas pu la faire et que dès lors il va y avoir des remous et y a des remous – et y a déjà longtemps qu’il y en a d’ailleurs – entre ceux qui se sont précipités dans le régime et qui veulent absolument y faire leur place et s’y épanouir et puis le Rassemblement qui lui ne le veut pas, forcément il y a des déchirement, il y en a déjà eu et il y en aura probablement encore et puis moi je n’y peux rien et puis en dernier ressort ça m’est égal. Voilà ! Par conséquent, voilà la situation au point de vue du Rassemblement par rapport au régime. Nous ne sommes pas du tout dans le régime et maintenant que nous n’avons pas réussi à fiche le régime par terre par l’intérieur de lui-même et bien nous ne sommes rien dans le régime et nous ne connaissons pas le régime et nous ne nous mêlons pas du régime. Voilà ! Ce qu’il faut être bien capable de comprendre et ce qu’il faut être capable de représenter et d’affirmer. Alors, ceci étant, qu’est-ce que nous pouvons faire ? Eh bien voilà ce que nous pouvons faire. Nous sommes des gens, comme nos militants, qui attendons l’occasion. Ne nous le dissimulons pas, c’est ça. Nous attendons l’occasion et je vous ai dit ce qui peut faire naître l’occasion. Il n’y a pas autre chose qui puisse faire naître l’occasion que le malheur, que l’inquiétude, que le trouble et que le dégoût. Il n’y a pas autre chose, il ne faut pas nous illusionner. Le pays à l’heure qu’il est ne partira pas vers les sommets tout seul, il n’en aura pas l’idée, il n’en a pas l’instinct et il n’en a pas l’envie. Par conséquent, c’est seulement le trouble, l’ennui, les douleurs, les inquiétudes qui peuvent créer l’occasion. Cette occasion, si elle se présente, sous la forme d’une ambiance, alors là il faut la saisir. Je la saisirai, je vous le promets. Sera-ce une occasion électorale, ce n’est pas absolument impossible. Il peut arriver une période d’angoisse générale, d’ennui général, d’inquiétude générale, dans laquelle on puisse faire une opération électorale. Je ne dis pas que ce sera identiquement la même que celle de 47, ce sera peut-être une opération fort différente, mais ce sera de toute façon une opération destinée à nous mettre au pouvoir, à me mettre au pouvoir pour changer le régime. Bien. Cette occasion peut être également toute différente. Elle peut être un coup de chien. C’est tout à fait possible et il est possible que nous soyons amenés à faire un coup de chien. Lequel coup de chien peut tout à fait réussir dans une ambiance, vous me comprenez. Et pas du tout quand il n’y a pas d’ambiance. On ne fait pas le 18 juin sans le malheur. C’est un fait, je n’y peux rien. On ne fait pas le 18 juin à froid, ça n’existe pas. Ce sont des blagues. Par conséquent, on peut faire toutes sortes de choses quand l’ambiance s’y prête et à ce moment-là, bien sûr ! »

Réunion des délégués départementaux du RPF, le 8 novembre 1953

EXTRAIT N°2 – « RIEN N’EST POSSIBLE SANS CONSENTEMENT GÉNÉRAL »

« Le Rassemblement reste donc la nécessité. Il faut qu’il soit représenté, il faut qu’il soit préconisé, il faut qu’il ait un sens. C’est moi et vous avec moi. À quoi cela nous engage-t-il actuellement ? Cela nous engage actuellement, même si cela diminue nos effectifs, ce qui n’a pas une énorme importance parce que les effectifs ça va et ça vient dans l’histoire. Mais ce qui est capital, c’est que ceux qui croient avec moi qu’il doit en être ainsi ne se démentent pas eux-mêmes. Autrement dit, que notre Rassemblement, qui n’est plus le Rassemblement du Peuple français à l’heure qu’il est – c’est évident – qui n’en est que l’avant-garde, qui n’en est que l’apôtre, qui n’en est que le signe précurseur, eh bien ! notre Rassemblement ne peut pas entrer dans le jeu électoral, dans le jeu politique, dans le jeu ministériel de tous les jours. C’est une chose qu’il n’a pas le droit de faire et ce sur quoi j’insiste pour qu’on ne le fasse pas, nulle part. On n’a pas le droit de dire que le Rassemblement joue un rôle dans les combinaisons. Naturellement, nos adversaires, ceux qui sont pour la dispersion, c’est-à-dire les hommes des partis, c’est-à-dire les hommes du régime, c’est-à-dire les journaux du régime, c’est-à-dire la radio du régime, c’est-à-dire l’agence du régime, ceux-là s’efforcent toujours de faire croire, de croire eux-mêmes, de faire croire, de donner à croire que nous sommes engagés dans la combinaison. Ils n’ont pas d’autres soucis. C’est comme ça que vous voyez tous les Fauvet, tous les …, enfin tous les adversaires, tous les hommes du régime, tous ceux que j’ai appelé les stylographes de la décadence n’est-ce-pas, qui sont ceux de la dispersion, vous les voyez s’acharner à dire que le RPF est dans le coup, que les ministres PRF, que le général de Gaulle, etc., ils s’y efforcent par définition car comme ils combattent l’idée même du rassemblement, comme c’est contraire à leur nature, à leur désir, à leur instinct, ils voudraient qu’il n’y en ait pas. Par conséquent, ils s’acharnent à se démontrer à eux-mêmes et à démontrer aux autres qu’il n’y en a pas et que le Rassemblement n’est qu’un parti comme les autres. Or, dès que j’ai vu le Rassemblement devenir un parti, vous avez pu constater que je m’en suis éloigné, il y a déjà plusieurs années, que je m’en suis éloigné peu à peu et que maintenant, dès lors qu’il s’agit de combinaisons, d’affaires électorales ou d’affaires ministérielles, je suis absolument en dehors et je fais exprès d’y être. L’autre jour, un brave type qui s’appelle Mendès France n’est-ce-pas, qui a fait un gouvernement, après tant d’autres et avant tant d’autres, m’a envoyé un message pour le 18 juin. Il a pris des hommes qui étaient jusqu’alors à nous dans son gouvernement. Si j’ai indiqué que je ne marchais pas, c’est parce que je le devais sans ça il se serait créé une espèce de confusion en vertu de laquelle le général de Gaulle avait donné sa bénédiction à une combinaison ministérielle et ça je ne le voulais à aucun prix. Tout avait été agencé pour faire croire qu’il en était ainsi. C’est précisément la raison pour laquelle, assez rudement, j’ai indiqué que ce n’était pas vrai. C’est pour que vous compreniez bien le fonds des choses qui a une grande importance nationale et même internationale. Et puis d’un jour à l’autre, il peut y avoir des choses plus graves et plus importantes à faire mais qui ne se feront, c’est très possible et même c’est probable, mais qui ne se feront – faites-y bien attention – qui ne peuvent se faire et ne peuvent réussir que si elles sont une espèce d’émanation d’un consentement général. On a déjà fait en France des révolutions, on a déjà fait des changements de régimes, on n’en a jamais fait aucun qui fût une réussite sinon en vertu d’un consentement presque général. Et ceci est vrai même pour la Résistance, même pour la chute de Vichy. Il fallait – je ne dis pas que tout le monde adhère, c’est pas ça que je veux dire – mais la masse de la nation était d’accord et c’est comme ça seulement, et à ce moment-là seulement, que l’on peut faire quelque chose qui vaille. Naturellement, on peut faire comme on fait au Guatemala ou dans des endroits pareils, on peut faire de temps en temps des pronunciamentos mais ça ne donne rien, ça n’aboutit à rien, ça remplace un sergent-major par un autre, mais ça ne rend absolument aucun service au pays dont il s’agit et ça ne lui permet pas de jouer son rôle national ni international, à moins qu’il n’y ait à la base, ce qui est tout à fait possible et ce qui arrive quelquefois, un consentement général. Alors là, ça devient tout de suite l’opération nationale par laquelle un pays se débarrasse d’un régime et en met un autre à la place. Nous avons déjà vu ça dans l’histoire. Je dirai même que nous l’avons fait. Et alors ça va très bien, tout le monde est très content, tout au moins sur le moment et on peut réaliser certaines choses qui autrement ne le seraient pas et qui permettent de sauver la baraque.

À certains égards, à certains moments, c’était vrai. Mais étant donné la liquéfaction du régime qui se poursuit, et étant donné ce qu’annonce l’avenir, eh bien, c’est déjà plus vrai aujourd’hui. Du reste, je suis habitué moi à ces déboires qui sont suivis par la justification apportée par les événements. Dans ce sens, permettez-moi de le dire, ma vie publique a rencontré bien des échecs. J’ai essayé naguère de déterminer les pouvoirs et le commandement, à faire le corps cuirassé qui nous aurait évité l’invasion. Mais je n’y ai pas réussi. Quand j’étais membre du gouvernement de Monsieur Paul Reynaud, j’ai tâché de décider ce gouvernement à gagner Alger, de se soustraire à l’ennemi, à continuer la guerre comme ça. Je n’ai pas pu. Et quelques semaines après, j’ai essayé d’aller à Dakar pour remettre l’Afrique tout entière d’un seul coup dans la guerre. Je n’ai pas pu entrer à Dakar. Sinon trois ans après. Et après la victoire, j’ai tâché de maintenir l’unité qui s’était formée autour de moi et l’unité s’est brisée et dans une situation grave, j’ai voulu réunir, rassembler les fils et les filles de la France et je n’y ai pas encore réussi. Si ces échecs n’étaient que les miens, ça n’aurait aucune importance. Malheureusement, ce sont tous des échecs de la France. Il est vrai que dans les intervalles, il y a eu quelques succès et ce qui me détermine à poursuivre, c’est que ces succès ont été les succès de la France. Tous sans exception. Pendant les jours les plus sombres de la plus sombre épreuve, pendant la guerre, je vous confesse qu’il m’ait arrivé de me dire, qu’il m’est arrivé de penser : ‘‘Peut-être que ma mission consiste à être l’élan ultime vers les sommets. Peut-être qu’elle consiste à écrire dans notre histoire les dernières pages du livre de notre grandeur’’. Et puis à d’autres moments, sentant renaître en moi la foi avec l’espérance, je me disais au contraire : ‘‘ peut-être que la voie que je montre à la nation, c’est celle par où, à la fin des fins, nous arriverons à l’avenir, à un avenir où l’État sera juste et fort, où l’homme sera libéré, où la France sera la France, c’est-à-dire grande et fraternelle’’. J’en suis encore là, aujourd’hui. »

Réunion du Conseil national du RPF, le 7 novembre 1954

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